DERRIÈRE L’OBJECTIF CHEZ AFT ADVENTURETRACKERS

Le photographe Josh Winders s’immerge auprès de deux coureurs qui participent à la série AdventureTrackers 2025. Voici son expérience, captée en images et racontée avec ses propres mots.
American Flat Track ne vous accueille pas doucement, ça vous explose au visage. L’air vibre des moteurs qui hurlent à plein régime, la terre jaillit en éclats comme des feux d’artifice, et l’ovale d’un quart de mille se transforme en théâtre d’acier glissant et brouillé. C’est à la fois du chaos et de la chorégraphie, un spectacle qui exige toute votre attention avant même que vous ayez repris votre souffle.
Avant d’aller trop loin, laissez-moi me présenter. Je m’appelle Joshua Winders, mais la plupart des gens m’appellent JK. Je suis photographe, motocycliste Triumph et un éternel curieux des endroits où une moto peut nous mener. Au quotidien, je roule une Thruxton 1200 R 2019, la machine de course originale de Triumph — même si je ne suis pas un coureur moi-même. Mon travail se situe plus souvent derrière l’objectif, à capturer l’art de la moto plutôt que les chronos.
Cette année, lors du 85e Rallye de Sturgis, Triumph m’a généreusement offert la chance d’aller au bord de la piste pour photographier les courses légendaires des Jackpine Gypsies. C’était une première pour moi. J’ai grandi en allant parfois voir des courses NASCAR, j’ai suivi pas mal de MotoGP™, mais le Flat Track était un monde nouveau. L’ambiance y était brute, sans fioritures, presque analogique en comparaison avec la précision asphaltée des courses sur route. Sa beauté résidait dans ce chaos de motos en dérapage défiant les lois de la physique et de la gravité. C’est rapide, bruyant, poussiéreux, et rien de ce que j’avais vécu d’aussi près auparavant ne s’en rapproche.
Les pilotes de l’équipe Triumph, Brandon Paasch (#196) et Dalton Gauthier (#79), sont des poids lourds dans leurs disciplines respectives. Brandon est double vainqueur du Daytona 200, et Dalton est champion AFT Singles 2019. Ensemble, ils sont arrivés au Dakota du Sud sans chichi, sans chefs d’équipe, seulement appuyés par un artiste (moi) qui, au minimum, sait mettre de l’essence dans une moto. Malgré tout, ils étaient prêts à se lancer dans quelque chose de nouveau : participer à la toute première saison multi-courses de la catégorie AdventureTracker d’American Flat Track.
Les deux motos étaient des Tiger 900 GT Pro. Après les avoir vues en action lors de rassemblements ADV, j’ai appris à apprécier cette machine. Notre première après-midi s’est passée au garage à changer les pneus et à atteindre le poids minimum requis. C’est là que j’ai remarqué qu’il s’agissait des mêmes motos que nous avions utilisées comme démos au Get On! ADV Fest, deux semaines plus tôt. Elles venaient aussi tout juste de servir pour le tournage d’un futur BDR (Backcountry Discovery Route) et avaient passé la semaine précédente dans les Black Hills pour une tournée Jeff Stanton Adventures, menée par le sextuple champion lui-même. Ça tombait à point : une démonstration parfaite de leur polyvalence, capables d’affronter les sentiers hors route une semaine et la piste de flat track la suivante.
En arrivant sur la piste, j’ai vu deux champions sur de nouvelles machines découvrir un nouveau terrain. C’était un pari, et ça se voyait dès leurs premiers tours d’essai : inclinaisons prudentes, glissades calculées, un vrai processus d’apprentissage. Pendant ce temps, moi je menais ma propre course. Capturer l’intensité du flat track est un exercice d’équilibre — ajuster les réglages, pousser la mise au point, essuyer d’énormes quantités de poussière, me rapprocher de l’action jusqu’à ce que les officiels viennent gentiment me tapoter l’épaule. Chaque tour m’obligeait à m’adapter : vitesse trop rapide pour un obturateur paresseux, poussière trop dense pour un autofocus fiable, virages trop serrés pour hésiter.
C’est de l’action du genre « cligne des yeux et tu l’as manquée ». J’ai eu amplement l’occasion de m’exercer pendant les classes Singles et SuperTwin, mais lors des essais, qualifications et finales AdventureTracker, mes yeux restaient rivés sur les numéros 79 et 196. Ce qui me gardait alerte, c’était l’art dans tout ça. Brandon, Dalton et les autres ne faisaient pas que dompter leurs motos dans la terre : ils traçaient des lignes avec l’accélérateur, les vitesses et l’inclinaison, sculptant des coups de pinceau qu’aucun artiste ne pourrait reproduire. En tant qu’artiste, je reconnaissais ce langage, ce rythme, ce flux, cet instinct — même si la toile était complètement différente. En les regardant, je n’avais pas l’impression de seulement documenter un sport, mais d’assister à une conversation entre le pilote, la moto et une terre en perpétuel mouvement.
Après trois jours de courses, je ne repartais pas qu’avec des photos. J’avais en main la preuve de l’esprit de compétition de Triumph, de pilotes prêts à repousser les limites, de motos mises à l’épreuve là où elles ne l’avaient jamais été, et de moi-même, élargi dans mon rôle de conteur au milieu de la poussière et du vacarme du flat track. J’ai compris que la course n’est pas seulement une question de victoire. C’est aussi ce qu’on en retire dans les marges, dans les fractions de seconde entre deux virages. Pour moi, derrière l’objectif chez les Jackpine Gypsies, ça signifiait voir le cran de Triumph en action et capturer les histoires qui flottaient encore dans la poussière bien après l’agitation du drapeau à damier.